Chamanisme
essentiel
chamanisme et néo-chamanisme
Le mot chamanisme est utilisé en beaucoup de sens et ne correspond pas à ce qu’il représente. Le mot chaman, d’origine Tongouse ne devrait être utilisé que dans ce contexte culturel. Nous avons perdu le sens qu’il représente en Occident, et nous l’utilisons par défaut.
Le chamanisme est une voie de la connaissance, pas de la foi, et cette connaissance ne peut pas venir de moi ou de quelqu'un d'autre de cette réalité. Pour accéder à cette connaissance, y compris la connaissance de la réalité des esprits, il est nécessaire de franchir la porte du chaman et d'acquérir la preuve empirique. (Michael Harner)
Le chamanisme est une éthique, une philosophie, un art de vivre ensemble et avec soi-même, un savoir centrée sur la médiation entre les êtres humains et la nature, les esprits au sens large, ou les âmes des animaux, les morts du clan, les âmes des enfants à naître, les âmes des malades à guérir, la communication avec les esprits, les divinités, etc. C'est vivre en harmonie avec la nature et les besoins des humains vivant ensemble.
Le chamanisme tire son nom du mot šamán, d'origine toungouse. Le chaman, chamane (ou encore shaman), est un être humain qui se présente comme l’intermédiaire ou l’être intercesseur entre l’humanité et les esprits. Il a une perception du monde que l’on qualifie aujourd’hui d’holistique dans son sens commun ou animiste (voir également les théories Gaïa (cf. plus bas)). Le chaman est à la fois « sage, thérapeute, conseiller, guérisseur et voyant ».
Ce terme provient du toungouse (langues de Sibérie) "evenki šamán" (chamane, personne qui possède la connaissance ou pour certains auteurs, homme réunissant les attributs de sacrificateur, de médecin et de magicien). Le féminin de ce terme est chamanka.
A proprement parler, un "chaman" ne peut être que de culture et d'ethnie tongouses (Tongouse étant un groupe de peuples de Sibérie) et ne convient pas pour toutes personnes extérieures à ces peuples. Dans d'autres contrés du monde ces personnages sociaux ont d'autres noms.

Les anciens celtes appelaient cette personne "druide".
Et ailleurs :
Nom vernaculaire - Ethnie - Localisation
Çaman - Tongouse - Sibérie
Ojun, ojuna - Yakoute - Sibérie
Böö, udugan, odugan - Bouriate - Sibérie
Bügä, kami - Mongole - Asie centrale
Kam - Turco-tatare - Asie centrale
Baqça - Kirghize - Asie centrale
Angakok - Inuit/Esquimaux - Cercle polaire
Wanebo, jes’sakkid (1) - Ojibwa - Etats-Unis
Wikasa wakan - Lakota - Etats-Unis
Pejuta wicasa - Lakota
Yuwipi - Lakota - Etats-Unis
Waanyatan - Lakota - Etats-Unis
Wapiya - Lakota - Etats-Unis
Heyoka - Lakota - Etats-Unis
Wokabiyeya - Lakota - Etats-Unis
Mara’akàme (2) - Huichol - Mexique
Pülashi - Guajiro - Caraïbes
Jaîbana - Emberà - Choco de Colombie
Mamu - Kogis - Venezuela, Colombie
Piai - Yaruro - Venezuela
Héwawian - Yanomami - Amazonie
Payé - Wayapi - Amazonie
Paiki, unkuki - Secoya - Amazonie
Wishiratu - Warao - Amazonie
Nëmara, sandàtia (3) - Yagua - Amazonie
Sumé, sumi - Cocama, Omagua - Haute-Amazonie
Ido - Huaorani - Haute-Amazonie
Uwishin - Shuar, Achuar - Haute-Amazonie
Yachac, yachay (4) - Quichua - Andes
Mirukos - Chachis - Andes
Machi - Mapuche - Chili
Moqaddma, moqaddem - Gnawa - Algérie/Maroc
Sangoma - Zoulou - Afrique du Sud
Nyanga - Bushmen San - Afrique du Sud
Nimas - Fang - Gabon
Oko-juma (5) - Andamanais - Océan Indien
Wirigin, wirinun - Yaralde - Australie
Koulaka - Baruya - Papouasie-Nouvelle-Guinée
Dto-mba, daba (6) - Mo-so - Yunan/Birmanie
Bon-pö - Tibétaine - Tibet
Liste non exhaustive
1 « révélateur de vérités cachées »
2 « homme de pouvoir »
3 « celui-qui-sait »
4 « celui-qui-sait »
5 « celui-qui-parle-des-rêves »
6 « le-maître-des-esprits »
Source des noms vernaculaires dans : Jean-Patrick Costa, Les chamans hier et aujourd’hui, 2001.
Pour les Nimas du Gabon : voir le film : "Visions chamaniques, territoires oubliés", de David Poupin
A propos des "chamans" lakota, comme dans beaucoup de traditions, il y a des formes diverses d'opérations de contact avec l'au-delà. Référence : Le cercle sacré, Archie Fire Lame Deer.
Le mot chaman, et donc chamanisme, n'est donc pas approprié à nos régions. En France, et en Occident de manière générale, les peuples ne vivent plus sous une tradition chamanique; c'est pour cela qu'il n'existe plus de mot pour désigner le personnage. Aussi l'occident c'est approprié le terme chaman. Et tant mieux ! Mais parler de chaman à un lakota, à un zoulou n'a pas de sens pour eux. Cela reviendrait à ôter un mot de leur langue pour employer un mot étranger, qui n'aurait de plus, pas les mêmes connotations, ni significations, voire pas les mêmes fonctions du personnage dans leur culture. Je pense que les peuples occidentaux se réapproprient ce terme et tout ce qui va avec pour se recréer ce lien avec l'Univers.
Le rôle du chaman est assumé par des hommes ou des femmes avec des fonctions très variées dans les sociétés traditionnelles, incluant la direction du groupe sociétal, l'élaboration et la direction des rituels, la guérison par sa connaissance des plantes ou une action psychique directe, l'enseignement, le conseil. Ces rôles sont souvent combinés.
Le chamanisme désigne la connaissance de ces personnages sociaux qui en font usage au sein de la tribu, du clan, d'un peuple ou d'une nation pour maintenir l'équilibre de tous les membres de la société, et de chacun, au sein de la nature. L'être humain est un être de nature qui vie dans un mi-lieu naturel. Cette organisation fonctionne plutôt bien ; l'adage suivant est élogieux à ce propos : "dans ces nations, il n'y a pas de sans-abri, pas de voleur, pas de meurtrier, pas de pauvres, pas de famine et chacun suit sa voie". Est-ce utopique ? Ou est-ce le chemin à suivre ?
Le chamanisme dans le sens ou on l'entend le plus souvent, sans savoir de quoi il s'agit dans la plupart des cas, va s'exprimer différemment selon les peuples qui vivent sous ce régime. Chacun de ces peuples ayant développés un système de croyances et de rituels correspondant à leur sensibilité, et permettant ainsi le maintien de l'équilibre de tous au sein du groupe et de la nature.
Le néo-chamanisme est né d'études anthropologiques comparatives des sociétés chamaniques (Claude Poncelet, Mikael Harner). Ces travaux ont abouti à une quintessence des différentes pratiques et traditions chamaniques en dehors des rituels, des cosmogonies ou de diverses croyances ; d'où le nom de chamanisme essentiel. Des outils communs à toutes les traditions chamaniques ont ainsi été mis à jour. On peut citer par exemple la fonction de psychopompe, où est fait le pont entre les vivants et les morts et sert à accompagner ces derniers. Cette fonction est bien connue et on la retrouve dans toutes les traditions, même non-chamaniques.
Il est à ce propos intéressant de remarquer et de souligner que beaucoup de disciplines d'aujourd'hui sont d'origine chamanique ; hypnose, psychologie, psychanalyse, communication animale, sophrologie, Qi gong, relaxation, communication profonde accompagnée, rêve éveillé, méditation, psychopompe (les religions du livre le pratiquent), sophro-analyse, constellation familiale, etc.
Le terme générique théories Gaïa fait référence à un ensemble d'hypothèses et de théories selon lesquelles :
- Les êtres vivants ont une influence sur la totalité de la planète sur laquelle ils se trouvent ;
- L'écosphère a développé une autorégulation (point non contesté même hors hypothèse Gaïa). L'existence de chaque être vivant est alors supposée régulée au profit de l'ensemble de l'écosphère (hypothèse proprement Gaïa) ;
- Le système autorégulé constitué par la totalité des êtres vivants (biomasse) et des constituants non vivants composant la masse totale de la Terre, et sans doute aussi le rayonnement solaire extérieur, possède des mécanismes internes pouvant le faire considérer comme un être vivant, conformément au paradigme cybernétique. Celui-ci est nommé par convention Gaïa par allusion à la déesse mère grecque.